Les privatisations en France ont commencé en 1986 sous le gouvernement de cohabitation dirigé par Jacques Chirac. Certaines de ces privatisations concernaient des sociétés fraîchement nationalisées, comme Paribas ou Saint-Gobain, à la suite de l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981. Ce mouvement de privatisation qui était au début une réaction aux nationalisations précédentes a perduré pour d'autres raisons, comme la concurrence économique ou la réduction de la dette publique. Ainsi la part de l'emploi public par rapport à l'emploi salarié est passé de 10,5 % à 3,4 % entre 1985 et 2011 et sur la même période le nombre d'entreprises publiques a diminué de moitié1. Fin 2013, l'État contrôlait majoritairement, directement ou indirectement, 1 444 sociétés qui employaient 801 270 salariés. 30 ans auparavant, 3 500 sociétés étaient sous contrôle de l'Etat et les effectifs salariés atteignaient les 2 350 000 personnes2. La privatisation peut être totale si toute l'entreprise passe dans le secteur privé ou partielle, si seulement une partie du capital est vendue3
Gouvernement Jacques Chirac. RPR aujourd'hui LR et centristes
Le gouvernement Jacques Chirac arrive au pouvoir en 1986 après les élections législatives de 1986. Le programme du gouvernement, inspiré des néolibéraux anglais et américains, est la dérégulation et la privatisation du secteur public. Une grande vague de privatisations est ainsi lancée dès 1986.
Selon l’édition 2001 de L'État de la France (La Découverte), en 1986-1988, le gouvernement Chirac avait vendu pour 100 milliards de francs (valeur 1999) d’actifs publics. D'autres sources avancent le chiffre de 70 ou 72 milliards de francs6, ou encore de 65 milliards7.
Compagnie générale d'électricité (la CGE devient Alcatel-Alsthom puis Alcatel en 1998) , mise en bourse de 100 % du capital, 2,5 millions de souscripteurs, 5,4 milliards de francs).
Société générale, , mise en bourse de 100 % du capital, (17,2 milliards de francs).
François Mitterrand accepte certains échanges d'actions (entre Renault et Volvo) ou rachats d'entreprises privées (American Can par Pechiney) du fait de l'insistance du Ministre de l'industrie, Roger Fauroux.
Les privatisations sous Michel Rocard auraient rapporté l'équivalent de 2 milliards d'euros sur trois ans8.
Crédit local de France, , cession de titres (actionnariat réparti entre l'Etat, 25,5%, la Caisse des dépôts, 25%, et les investisseurs et particuliers français et étrangers (49,5 %)
Edith Cresson et Dominique Strauss-Kahn réussissent à convaincre le président Mitterrand de la nécessité d'abandonner publiquement le principe, annoncé lors de l'élection présidentielle de 1988, du "ni nationalisation, ni privatisation", en arguant que des cessions d'actifs permettraient à l'Etat de se financer et de créer de l'emploi. Le chiffre avancé par Edith Cresson est de 12 milliards de francs potentiellement générés.
La Premier ministre insiste pour que les recettes tirées de ces privatisations partielles soient affectées à l'industrie, et en particulier aux entreprises publiques en besoin de recapitalisation (Thomson, Bull), mais le Ministre des FinancesPierre Bérégovoy fait en sorte que les recettes soient affectées sur un compte spécial au Trésor.
La morosité des marchés cause une baisse de la valeur des titres des entreprises privatisées, qui ne génèrent que 5,6 milliards de francs :
L'ensemble des privatisations sur la période 1995-1997 aurait rapporté 40 milliards de francs en dix-huit mois.
AGF, 1996, mise en bourse de 51 % du capital, l'État ne conservant que 2 %.
CGM (Compagnie générale maritime), 1996, vente de gré à gré, pour 20 millions de francs, à la Compagnie maritime d'affrètement (CMA) qui devient CMA-CGM.
, mise en bourse de 35 % du capital pour une recette de 1,3 milliard d'euros ;
, rapprochement avec Sagem dans le cadre d'une OPA/OPE qui achève la privatisation de la Snecma. Après fusion, le nouvel ensemble prend le nom de Safran.
Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (privatisation totale par cession de gré à gré du solde du capital - 70 % - sur appel d'offres)
Autoroutes du sud de la France (privatisation totale par cession de gré à gré du solde du capital - 51 % - sur appel d'offres)
Gaz de France, , mise en bourse de 20 % du capital, dont une partie en augmentation de capital. L'opération rapporte environ 2,5 milliards d'euros à l'État et 2 milliards à l'entreprise.
Sur la période 2007-2012, le gouvernement Fillon a peu privatisé. La Crise bancaire et financière de l'automne 2008 a fait baisser les cours boursiers, rendant toute privatisation peu rentable financièrement. Les privatisations ont rapporté 8 milliards d'euros8.
Sur la période 2012-2014, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a procédé à différentes privatisations partielles :
: cession de 3,12 % du capital de Safran, ce qui a rapporté 448,5 millions d’euros à l'État qui détient encore 27,08 % du capital10.
: cession de 3,66 % du capital d'EADS, ce qui a rapporté 1,2 milliard d'euros à l'État qui s'est engagé à céder encore 0,4 à 0,5 % du capital10.
: Arnaud Montebourg se déclare en faveur de baisse de la participation de l'État dans certaines entreprises et évoque en particulier, sans les citer, EDF et GDF Suez11.
: Jean-Marc Ayrault envisage une baisse du taux de participation de l'État dans le capital de certaines entreprises10.
: cession de 9,5 % du capital d'Aéroports de Paris pour 738 millions d'euros. L'État conserve 50,6 % du capital12.
: cession de 4,7 % du capital de Safran, pour environ 900 millions d’euros. L'État détient désormais 22,4 % du capital13.
: cession de 1 % du capital d'Airbus Group, anciennement EADS, pour environ 450 millions d’euros14
Gouvernement Manuel Valls (PS + verts) Hollande pdt
Jacques Lesourne (dir.), François Didier et Raymond H. Lévy, Les polytechniciens dans le siècle : 1894-1994, Paris, Dunod, , 487 p. (ISBN2-10-002338-1), « Les entreprises publiques concurrentielles », p. 183 et 195-199
Hervé Loiseau, « 1985-2000 : quinze années de mutation du secteur public d'entreprises », Insee Première, no 860, (lire en ligne [archive], consulté le 6 mai 2013)
Laurent Mauduit, Prédations. Histoire des privatisations des biens publics, Paris, La Découverte, 3 septembre 2020.